Publié dans Société

Etat civil - Un enfant malagasy sur quatre sans existence légale

Publié le lundi, 12 septembre 2022

« Je n’ai jamais eu un acte d’état civil puisque mes parents ne m’ont pas enregistré lors de ma naissance. J’ai pu quand même être scolarisée, avant de passer en classe de 7ème. La copie fait partie des dossiers requis pour passer le CEPE, mais je n’en ai pas. J’ai été contrainte d’abandonner l’école ». Valimbavaka R., une adolescente de 13 ans, originaire d’un village à Arivonimamo, nous le confie. H.R., un jeune homme âgé de 16 ans, a également vécu presque le même calvaire. « J’ai dû abandonner l’école en classe de 10ème, faute de moyens de mes parents. J’ai voulu ensuite revenir en classe, quelques années plus tard, mais l’absence d’une copie de naissance a posé problème. Depuis, je me suis résigné. Mais je serai majeur dans deux ans et je veux à tout prix être enregistré en tant que citoyen », témoigne le jeune homme.

Comme eux, plus de 2,5 millions d’enfants ne disposent pas de copie de naissance à Madagascar, selon les chiffres avancés par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). « Quand on n'a pas d'identité, on n'existe pas », avance notre source de ladite organisation. Pourtant, près d’un enfant sur quatre ne dispose pas d’existence légale dans la Grande île. Un enfant sans cet acte juridique légal ne peut être scolarisé convenablement ni participer à l’examen officiel. La poursuite de ses études est ainsi bloquée, malgré sa volonté ou sa motivation. « Il s’agit d’un véritable fléau et il est de notre responsabilité commune d’y remédier », souligne Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’OIF.

Une campagne nationale en vue

« Donnez-nous la chance d'avoir une vraie existence. Mon identité, ma vie », s’est exprimée la représentante des bénéficiaires de l’opération « actes d’état civil ». Cette campagne a été menée dans 27 Communes de la Région d’Analamanga depuis l’année dernière, sur un financement de l’OIF et en collaboration avec le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice. « Au total, 16.742 personnes, en majorité des enfants, en sont les bénéficiaires. Ils jouissent désormais de leur droit fondamental qu’est leur inscription dans le registre d’état civil », informe Hery Rasoamaromaka, gouverneur de la Région. Les enfants peuvent être scolarisés tandis que les adultes peuvent obtenir leurs cartes d’identité nationale, jouir de leur droit de vote, etc. Madagascar fait partie des pays où ce projet phare de la Francophonie a été mené. 

Avec la réussite de l’opération dans la Région dAnalamanga, l’OIF compte renforcer son soutien pour une mise à l’échelle nationale du projet. « Notre coopération se poursuivra cette année à travers un projet intégré de plus grande envergure, déployé main dans la main avec les entités de la Présidence, les ministères et les autorités locales concernés, ainsi que les organisations de la société civile », avance la Secrétaire générale de la Francophonie. C’était hier à l’hôtel de ville d’Antananarivo, lors de la cérémonie de remise d’actes d’état civil pour les représentants des bénéficiaires issus des 6 Arrondissements. Maintenant, le défi étant de garantir à tous une identité juridique grâce à l’enregistrement de naissance. 

Notons que ce projet de l’OIF, aux côtés de ses partenaires, vise à accompagner Madagascar dans le renforcement de son système d’état civil, en réponse à la sollicitation officielle formulée par les autorités malagasy en 2021. Il fait partie du programme de réforme pour l’efficacité de l’administration.

Patricia Ramavonirina

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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